De Gaulle parle au Français depuis le paradis
« De Gaulle parle aux Français depuis le paradis. »
Texte de Serge Llado et Gérard Delalleau,
dit par Henri Tisot avec la voix du Général.
Voilà déjà beau temps que je m'en suis allé
Prendre de la hauteur en quittant l'Elysée
Mais je suis toujours là, car même au paradis
Mon ombre plane encore au-dessus des partis
J'ai l'impression parfois que je suis en exil
Un peu comme en quarante, à Londres, chez Churchill
Quand je fis le grand saut par-dessus le Channel
Pour lancer mon message : après le saut, l'appel !
Autrefois j'avais dit : « Ce qu'après moi je crains
Ce n'est pas un grand vide, hélas, c'est le trop-plein »
Oui, mais depuis la France éprise de grandeur
A joué de malchance avec mes successeurs
D'ailleurs j'ai observé que notre république
Concernant ces messieurs a des goûts éclectiques :
Elle alterne un grand homme épris d'indépendance
Avec un plus petit qui rêve de croissance
Après le grand De Gaulle, un petit Pompidou
Trois syllabes feutrées qui font juste un bruit doux
Un précurseur pourtant que ce fils de bougnats
Instaurant malgré lui le premier quinquennat
Puis l'Auvergne enfanta un second président
Celui qui célébrait la victoire en chuintant
On compare, je sais, « Mes Mémoires de guerre »
A ses romans de gare et je n'apprécie guère.
Arriva Mitterrand avec la rose au poing
Mais son programme, lui, ne l'était pas au point
Celui qui combattit ma fonction violemment
C'est lui qui l'occupa de loin le plus longtemps
Juste après lui Chirac, c'est la farce tranquille
Qui étend son bazar hors de l'Hôtel de Ville
Lui gaulliste ? Allons donc ! Ce gaulliste a deux balles,
Ce Gaulliste a dissous l'Assemblée nationale
Mais de moi jusqu'à lui, au moins soyons bon prince,
Les présidents étant issus de la province
Savaient que c'est grâce aux vaches de ce pays
Que la France d'en haut fait son beurre à Neuilly
Par un référendum, moi qui fus désavoué
Jugez de ma colère à voir ainsi bafoué
Un peuple disant « non » à soixante pour cent
Et à qui l'on répond : « Ce sera oui pourtant »
Moi, dans ce coffre-fort où Trichet s'enveloppe
Je ne reconnais plus mon idée de l'Europe
N'ai-je donc résisté à la grande Amérique
Que pour voir s'installer une monnaie inique
De toi pays brisé, pays martyrisé
Beau pays outragé, et comme hypnotisé
J'attends un vrai sursaut. Et à ton président
J'adresse un seul message : Nicolas…Charles attend !
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